samedi 8 janvier 2011

:: La seule alternative politique : le renversement de l’ordre capitaliste

Extrait de "La crise de l’économie capitaliste" (Lutte de classe du mois de janvier 2011).

La période qui vient sera marquée par des attaques de plus en plus violentes de la bourgeoisie contre la classe ouvrière et sans doute plus largement encore contre les classes populaires. Les limites en seront définies par les rapports de forces. Les attaques de la bourgeoisie ne découlent pas d’une option politique particulière et encore moins de l’étiquette de l’équipe politique momentanément au pouvoir. Elles découlent de puissants intérêts de classe.
 
Le rôle laissé aux dirigeants politiques est d’appliquer la politique nécessaire à la bourgeoisie et de la justifier s’ils en éprouvent le besoin d’un point de vue électoral. Par-delà leurs étiquettes variées, tous les gouvernements d’Europe mènent une politique d’austérité plus ou moins grave, plus ou moins brutale. Ce seul constat indique les limites des promesses de changement au cas où le Parti socialiste arriverait au pouvoir par les élections de 2012, flanqué ou pas du Parti communiste et du Parti de gauche.
 
La bourgeoisie a toutes les cartes en main pour imposer sa politique face à la crise, mais en même temps elle fait la démonstration qu’il n’y a pas d’autre réponse aux conséquences de la crise sur la base de la propriété privée des entreprises et des banques qu’un nouveau renforcement de la toute-puissance des groupes financiers et la régression pour les classes laborieuses.
 
Le seul programme qui ouvre une perspective, c’est celui dont les différents objectifs, répondant aux problèmes cruciaux de l’heure du point de vue des classes exploitées, conduisent en même temps à la remise en cause de la domination de la bourgeoisie sur la société. Ce programme ne deviendra une force que lorsque les masses s’en empareront. Quand et comment ? Personne ne peut le dire aujourd’hui. Les attaques de la bourgeoisie déclencheront nécessairement des réactions plus ou moins violentes, plus ou moins conscientes, de la part des victimes de sa politique. Un véritable programme de lutte doit répondre aux questions soulevées par la lutte elle-même.
 
Lorsque la classe ouvrière se met en branle pour défendre ses conditions d’existence, un programme de lutte révolutionnaire devient indispensable.
 
Face au développement du chômage, catastrophique sur le plan matériel pour ceux qui le subissent et aussi facteur de décomposition sociale, il faut imposer la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire et l’interdiction des licenciements.
 
Face à la démolition du pouvoir d’achat des salariés, aggravée encore par les prélèvements de l’État et la détérioration des services publics, il est vital d’imposer l’échelle mobile des salaires et des retraites.
 
Face à la crise financière, il faut exproprier les banques, les unifier en une seule institution bancaire contrôlée par la population.
 
Et, surtout, face à l’irresponsabilité de la classe capitaliste, il faut contester sa mainmise sur l’économie et imposer le contrôle des travailleurs et de la population sur les entreprises et sur l’économie.
 
Il est inutile de tenter de deviner quand et sous quelle forme viendra une réaction de la classe ouvrière suffisamment massive pour modifier radicalement le rapport de forces avec la bourgeoisie. Mais la crise et ses conséquences constituent une rude école, et c’est la violence des attaques de la bourgeoisie qui pousse à la révolte.
 
Le mouvement de septembre-octobre 2010 malgré ses limites dues à la fois aux limites de la mobilisation elle-même et à sa direction syndicale réformiste, malgré la modestie des objectifs mis en avant et l’apparent échec même par rapport à ces objectifs modestes, est devenu une lutte politique, une réaction de la classe ouvrière contre la bourgeoisie. Elle a révélé aux yeux d’une fraction importante de la classe ouvrière, plus ou moins clairement, que la crise, la gravité des attaques de la bourgeoisie, ne laissent pas de place aux corporatismes et que seule l’action collective permet de retrouver la combativité et la conscience d’appartenir à une même classe sociale. C’est une leçon précieuse. Le rôle des révolutionnaires dans la période qui vient est de s’appuyer sur cette expérience collective, l’expliciter et montrer qu’elle indique la voie de l’avenir pour la classe ouvrière. À condition que la classe ouvrière ne se laisse pas détourner vers des impasses, à commen­cer par celle de l’électoralisme, les changements électoraux présentés comme une voie pour le changement.
 
La classe ouvrière vient de montrer, fût-ce pour le moment à une échelle modeste, qu’elle a la possibilité de peser directement sur la politique de la bourgeoisie par des moyens qui lui sont propres, les grèves, les manifestations. Il appartient aux révolutionnaires de défendre et populariser l’idée que mettre en avant des objectifs susceptibles de préserver les conditions d’existence de la « seule classe productive de la société » (Trotsky) est non seulement légitime mais nécessaire. Seule la classe ouvrière peut, en allant jusqu’au bout de la défense de ses intérêts matériels et politiques, mettre en cause la domination de la bourgeoisie sur la société.
 
Les tâches immédiates des révolutionnaires sont doubles : participer pleinement aux diverses formes de lutte de la classe ouvrière, mais aussi défendre en son sein par la propagande, par les discussions sous toutes les formes, le programme révolutionnaire, c’est-à-dire le programme qui, à travers le combat pour la défense des intérêts vitaux de la classe ouvrière, s’engage dans la lutte pour le renversement de l’ordre bourgeois. C’est dans le combat sur ces deux terrains que surgira le parti communiste révolutionnaire indispensable pour incarner et pousser cette lutte jusqu’à son aboutissement. 

Extrait de "La crise de l’économie capitaliste" (Lutte de classe du mois de janvier 2011).