vendredi 17 septembre 2010

:: [#L0, mort de Hardy]

[#L0, mort de Hardy] Pour répondre un peu à CSP... Je ne crois pas qu'il s'agisse de "divergence de formes", car les formes organisationnelles adoptées sont aussi à la mesure des idées défendues, des conceptions que l'on a de la situation de la lutte des classes (se repencher sur les échanges LO-LCR depuis les années 70, de ce point de vue, sont assez éclairants). Et c'est à l'aune de ces idées qu'il faut apprécier cette fidélité au principes bolchévique d'organisation. Car le capitalisme contemporain, notamment en France, dispense-t-il particulièrement la classe ouvrière de se doter d'une organisation révolutionnaire et les militants de se protéger (cf. discipline) des vagues possibles de répression que la bourgeoisie saura, elle, organiser si besoin ? (il est bon, à ce propos de se réinterroger l'incapacité d'Allende, en 1973, à empêcher la pulvérisation du mouvement ouvrier chilien par la bourgeoisie chilienne...). C'est de cela qu'il faut discuter... Dire que LO est fermée sur elle-même, c'est la tarte à la crème des médias mainstream qui ne comprennent rien à rien, mais c'est surtout une connerie à mordre les murs : je ne connais pas beaucoup d'organisations aussi ouvertes, aussi tournées, précisément, vers les autres : des militants qui militent quotidiennement sur leur lieu de travail (ce qui est souvent très risqués), des militants à la rencontre (cad sans arrogance mais dans l'écoute), des travailleurs sur les marchés, dans les cités, des jeunes militants mobilisés en permanence pour trouver tous ceux qui veulent changer le monde et se donner le moyen d'y contribuer. Non, dire qu'une organisation révolutionnaire comme LO est fermée est un contresens malhonnête. Si par "fermée", tu veux dire imperméable aux idées en vogue, à la "modernisation" ambiante, à tout ce qui incite à revenir sur les idées et l'histoire du mouvement ouvrier, alors d'accord. Mais là, de nouveau, on parle d'idée. Du reste, tu estimes que "porter la flamme révolutionnaire" serait devenu anachronique. Et je me dit alors que la LCR aurait été bien inspirée d'être plus "fermée" pour empêcher ses militants de trouver aujourd'hui normales des considérations électoralistes ou de s'inquiéter de leur visibilité médiatique. Tu précises : "LO est en train en ce moment de cher payer sa perpétuelle justification de vouloir à tout prix continuer de porter la flamme révolutionnaire : le parti se replie de plus en plus sur lui-même". Si tu penses que LO paye "électoralement" le fait de rester révolutionnaire, c'est absurde : LO ne se sert pas des élections pour faire des scores, mais pour profiter d'une vitrine pour y défendre ses idées. Ce qui changera les choses, pour LO, ce ne sont pas des élections, mais la révolution. Et dans cette perspective, je t'assure, faire 1 %, ça n'empêche pas particulièrement les militants de LO de dormir. En revanche, la difficulté à s'implanter dans la classe ouvrière, à conserver ses militants au fil du temps (plombé), oui... Tu écris enfin, en passant : "n'existe pour le militant de LO qu'une seule conception viable de la lutte des classes : celle de LO". Or, je pense que LO serait ravie, au contraire, de pouvoir discuter avec le plus grand nombre de bonne volontés sur la situation du mouvement ouvrier révolutionnaire. Mais avec qui maintenant ? Cela étant dit, merci CSP pour cette phrase : "Qd tout un chacun est sommé en permanence d'être le plus transparent possible et de 'communiquer' à tout va, Hardy était resté d'une intégrité quant à ses convictions qui le mettait en complet décalage avec un monde qui n'en finit plus de virevolter d'une opinion à l'autre ; il est facile de dénoncer le 'sectarisme' de ceux qui tiennent à leurs idées, surtout quand ceux qui pérorent ainsi sont autant de girouettes qui tournent frénétiquement à tous les vents".