vendredi 28 novembre 2008

:: “Il n’y a pas d’évasion possible”

Extrait du l'exposé du Cercle Léon Trotsky n° 27 du 30 septembre 1988 : “50 ans après la fondation de la IVe Internationale. Quelles perspectives pour les militants révolutionnaires internationalistes ?” [extrait proposé par le Forum des Amis de Lutte Ouvrière]

C'est à nous, trotskystes, tels que nous sommes, autant que nous sommes aujourd'hui, que revient la tâche de faire retraverser aux vieilles expériences révolutionnaires, c'est-à-dire au savoir-faire prolétarien et internationaliste, le no-man's land entre les générations militantes, pour permettre enfin au mouvement ouvrier mondial de redémarrer sur des bases politiques supérieures à celles des années 30.

Une gageure ? Oui, sans doute. Comme toutes les entreprises humaines qui valent la peine qu'on se batte pour elles. Mais une gageure en effet. Car cet héritage politique que nous a légué Trotsky avant son assassinat et dans lequel les différents groupes trotskystes ont puisé plus ou moins partiellement, n'est pas simplement une doctrine ou un programme de formules toutes faites à adapter au goût du jour.

Le bolchévisme, disait Trotsky pour son propre compte, «n'est pas une doctrine, mais un système d'éducation révolutionnaire pour l'accomplissement de la révolution prolétarienne». Nous pouvons en dire tout autant du trotskysme.

Et toute la question est là : nous, les trotskystes, aurons-nous la volonté, l'âpreté, l'audace intellectuelle et politique et l'acharnement humain pour retrouver, pour réinventer dans l'action militante et l'action révolutionnaire, ce système d'éducation révolutionnaire dont parlait Trotsky, afin de le communiquer à toute la génération combattante qui surgit aujourd'hui dans les rangs des opprimés ?

Un défi à relever

Voilà le défi que nous, révolutionnaires internationalistes actuels, avons à relever : enflammer pour nos idées internationalistes toute cette génération combattante, qui malgré l'épreuve de l'histoire et des révolutions nationales fourvoyées, a acquis artificiellement une nouvelle tradition selon laquelle le nationalisme serait progressif.

:: Tweet Grid ou la veille grâce à Twitter

Grâce à un système de visualisation paramétrable en multi-fenêtres (1, 3, 6 ou 9 fenêtres, verticales ou horizontales), Tweet Grid offre la possibilité de surveiller en temps réel et simultanément (et selon la langue de votre choix) toutes les discussions sur Twitter se rapportant à vos thèmes ou mots clés préférés. 
Petits détails qui ont leur importance : vous pouvez évidemment twitter directement sur Tweet Grid et faire connaitre votre veille à tous vos followers.
Au final, un outil de veille assez impressionnant qui donne peut-être une idée de ce à quoi pourrait ressembler nos médias de demain...

vendredi 14 novembre 2008

:: Newsified : digg, delicious, reddit, youtube, etc. en un coup d'oeil

Le social bookmarking est sans doute l'avenir du web. Sur ce point, je partage l'opinion des auteurs de MediaLink, pour qui "l’humain est un meilleur agrégateur que la machine, (...) plus à même que les robots de faire le tri dans la masse exubérante de contenus et d’informations produits quotidiennement".

C'est dans cet esprit que s'inscrit Newsified qui propose, depuis peu, de visualiser efficacement le meilleur des contenus de Digg, Delicious, Reddit, Metafilter et Youtube sur cinq pages différentes. Cinq pages où l'ensemble des données sont agrégées et classées en fonction des mots clés les plus populaires et sur autant de colonnes. Tout cela est actualisé en temps réel et c'est vraiment pas mal du tout.

En attendant un outil similaire pour les digg-likes francophones...

:: Player.icio.us, moteur de recherche "intelligent"

Un petit gadget, mais une très bonne idée.

D'abord, Player.icio.us est un petit moteur de recherche qui travaille uniquement sur les bases de données de Delicious et de Magnolia. Un outil "intelligent" donc, qui ne s'appuie que sur les ressources sélectionnées, enregistrées et classifiées par les internautes eux-mêmes.

Ensuite, au lieu de vous offrir les résultats comme le feraient Delicious ou Magnolia eux-mêmes, Player.icio.us fait défiler sur votre écran tous les sites les plus populaires pour le tag ou mot clés recherché (2 ou 3 secondes pour chaque pages). Si l'un d'eux vous intéresse, il suffit de cliquer dessus... Une manière comtemplative de veiller : vous vous installez et n'avez plus qu'à attendre qu'une petite pépitte se présente à vous (explication et vidéo, en anglais, à cette adresse).

Enfin, il est possible d'affiner la recherche en dirigeant Player.icio.us sur les comptes de vos bookmarkers préférés.

Je vous le disais : une très bonne idée.

jeudi 13 novembre 2008

:: Veiller avec Twitter # 2 (Monitter)

J'évoquais hier deux outils pour être informé de la citation de certains mots ou l'évocation de certains thèmes sur Twitter. Ce travail de veille est également possible grâce à Monitter.

Ce service vous permet, en effet, de mener simultanément, sur une même page, une recherche sur trois mots clés différents employés sur le réseau Twitter. En outre, pour chacun de ces mots clefs (que vous pouvez multiplier à loisir), il vous est possible de générer un flux rss. Enfin, Monitter peut se décliner sous la forme d'un widget à intégrer facilement sur votre blog.

Un outil de recherche à découvrir donc. En attendant la nouvelle version qui, parait-il, est prévue pour très bientôt.

mardi 11 novembre 2008

:: Veiller avec Twitter # 1 (Twitterel & tweetscribe)

Pour compléter l'excellent papier mis en ligne par Outils froids sur Scribd intitulé "26 Services Veille Twitter - 26 web services to watch on Twitter", je voudrais évoquer deux outils gratuits qui, pour être "petits" et simples, n'en sont pas moins d'une très grande utilité.

Le premier est Twitterel qui vous permet, après inscription de vos coordonnées, d'être informé instantanément sur Twitter (directement ou via un message privé) des messages ayant employé les mots ou expressions que vous avez décidé de surveiller. Ainsi, si vous souhaitez prendre connaissance de tous les messages échangés sur Twitter dans lesquels se trouve, par exemple, le mot (ou "keyword") "médiaculture", il vous suffit préalablement d'en informer twitterel qui ensuite fera le boulot pour vous.

Même principe pour Tweetscribe, qui à la différence toutefois de Twitterel, vous proposera un flux RSS de l'ensemble des messages possédant les mots ou expressions qui vous intéressent.

Twitter, dont le succès est grandissant, devient un véritable outil de veille : il ne s'agit pas seulement d'y clamer ses humeurs passagères ou de dire "ce que vous faites" à ceux qui la plupart du temps s'en cognent, mais aussi de faire connaître à tous ses "followers" le fruits de ses découvertes sur le net, et, réciproquement, d'être tenu informé des bonnes trouvailles des autres. Dans cette perspective, Twitterel et TweetScribe le complètent de manière efficace et pourraient bien rendre Twitter de plus en plus indispensable...

dimanche 9 novembre 2008

:: sur Diigo, les dernières sauvegardes (weekly)

Posted from Diigo. The rest of my favorite links are here.
  • Sources, outils et astuces pour veiller avec Google Reader dans le domaine des sciences de l’information et des bibliothèques "Je l’ai annoncé il y a quelques temps : je n’utilise plus Netvibes, je suis passé à Google Reader. Il me fallait un outil qui permette de traiter efficacement un grand nombre de sources. Je suis très satisfait de ce changement après plusieurs mois d’utilisation. Cependant, Google Reader n’est pas exempt de défaut et peut être amélioré de manière significative avec des scripts Greasemonkey très simples à installer. Ces scripts permettent par exemple d’améliorer significativement l’ergonomie de cet outil : mettre de la couleur, classer les items par popularité, de prévisualiser les articles directement dans l’agrégateur sans sortir de la page, comme pour Netvibes. Si vous ne savez pas ce qu’est Greasemonkey, vous pouvez aller ici, c’est très bien expliqué. Notez qu’en installant cette extension pour firefox : Better google reader conseillée par Laurent en commentaire (merciii) vous pourrez installer directement plusieurs fonctions supplémentaires pour Google reader ! C’est la manière la plus simple d’améliorer cet agrégateur. En voici une petite liste (...)

  • Vers un renouveau de la critique sociale [Multitudes Web] par Luc Boltanski, Eve Chiapello : Entretien réalisé par Yann Moulier Boutang... YANN MOULIER BOUTANG - "J’ai dit ailleurs (La Quinzaine Littéraire de la deuxième quinzaine de janvier 2000) ce que je trouvais dans votre ouvrage de profondément novateur dans l’espace culturel français : un renversement radical de la perspective critique. Vous ne vous contentez pas de l’idée classique de la récupération par le capitalisme de la contestation, vous allez plus loin en montrant dans la partie rétrospective reconstructrice de votre ouvrage l’ampleur de la crise interne du capitalisme aussi bien dans les entreprises que dans la société et surtout vous soulignez à quel point cela résultait de la conjonction libératrice de la critique sociale (l’égalité) et de la critique artiste (l’autonomie et la liberté). Quel rôle positif ou négatif ont joué dans ce diagnostic pour l’un comme pour l’autre les grandes écoles de pensée, les outils théoriques que vous avez eu à votre disposition pour penser la société actuelle et son devenir ?" (...) / tags: sciences, gauche, morale, constructivisme, temps, analyse, sociologie, capitalisme, contestation

  • Firefox pour la veille [document pdf] / tags: veille, outils, firefox, extensions

  • Répertoire des liens d'extrême gauche en france / tags: gauche révolutionnaire, extrême-gauche, bookmarks, portail

mercredi 5 novembre 2008

:: Ne se faire aucune illusion sur Obama # 2

Je vous livre ici d'autres articles susceptibles de tempérer l'enthousiasme dominant :

  • "Le jour où rien ne changea (Agnès Maillard repris par AgoraVox)"
  • [extrait] "Autrement dit, l’élection d’Obama devrait maintenir l’illusion quelque temps de plus, cristalliser les espérances et les énergies, mais nous avons déjà dépassé le point de non-retour depuis longtemps et l’atterrissage devrait être d’autant plus amer et violent que l’enthousiasme et la foi dans le changement qui permet de revenir en arrière seront forts ce soir".

  • "Rien ne va plus, les jeux sont faits."
  • [extrait] "Nous n’y croyons plus. Il n’y aura pas de rédemption, pas de nouvelle aire mondiale d’un pacifisme enfin œcuménique. Ces niaiseries ne changeront pas la donne et la donne est viciée. Plus la donne est viciée et plus il faut enrober le spectacle de ce jeu en trompe-l’oeil de causes totales, absolues, indiscutables".

  • ""Obamania" : la fête sera bientôt finie"
  • [extrait] "Si le candidat démocrate trouve souvent grâce aux yeux des européens, Obama a été propulsé au rang d'idole. Pourtant, son protectionnisme économique et son laxisme sur les questions internationales risquent de plonger le Vieux Continent dans une dangereuse précarité".

  • "États-Unis : un système électoral bien verrouillé" (LO)
  • [Extrait] "le facteur le plus sélectif dans la désignation du président demeure l'argent. C'est même ce qui assure que celui qui héritera de la charge pour quatre ans, ou pour huit s'il est réélu, aura eu au préalable l'aval des possédants, dont il défendra ensuite évidemment les intérêts essentiels". Lutte ouvrière dans sa dernière édition, dans son éditorial intitulé "Obama élu, Bush désavoué, les travailleurs devront forcer les capitalistes à payer la crise", précise : "Contrairement à son slogan électoral qui promet le changement, Obama gouvernera, comme tous ses prédécesseurs, en fonction des intérêts de la grande bourgeoisie américaine. Comment imaginer que la puissante bourgeoisie américaine qui domine non seulement les États-Unis mais aussi, à certains égards, le monde entier, puisse jouer la défense de ses intérêts politiques sur les aléas d’une élection ?".

  • Affrontera-t-il les véritables maîtres du pays (complexe militaro-industriel, multinationales, etc.) ?
  • [extrait] "Plus que jamais, et quelle que soit la joie que l’on peut éprouver à savoir le camp de Bush et des néo-conservateurs battu, on a envie de murmurer « prolétaire sauve-toi toi-même ! » Mais pour que le prolétaire puisse « se sauver lui-même, il lui faut une organisation collective, et pas une situation qui le laisse spectateur d’un happy end télévisuel ! »"

  • "Obama et l'empire"
  • [extrait] "Dans tous les cas, ceux qui critiquent le rôle des États-Unis dans le monde ne doivent donner prise à aucune illusion de « changement » substantiel. Tandis qu’une présidence Obama serait tactiquement contrainte de dévier de la ligne de Bush & Co, qui se comportent ouvertement comme des seigneurs de guerre et des bandits, il n’y aura pas de rupture stratégique avec la quête constante de la domination mondiale des États-Unis ni avec les impératifs de l’empire". Lire aussi : "Politique étrangère : que peut changer Obama ?"

lundi 3 novembre 2008

:: ne se faire aucune illusion sur Obama

Le monde des communications est en perpétuelle mutation, mais les illusions et toutes les formes d'obscurantisme se portent à merveille. A vrai dire, il n'y a pas de contradiction : là où le capital ne rencontre pas vraiment d'obstacles sociaux, il n'y a pas vraiment de raison que les connaissances accomplissent d'immenses progrès ou que les moyens d'informations favorisent et nourrissent une réflexion véritablement critique sur l'ordre sociale. Aussi, la gauche en France considera-t-elle avec intérêts l'opinion du cuistre Attali, les mêmes iront jusqu'à considérer Royal comme une militante en faveur du monde du travail, certains iront jusqu'à soutenir qu'il est possible de moraliser le capitalisme tout en acceptant la régle du marché, de l'exploitation et de la spéculation, etc.

Mais le plus surprenant, aujourd'hui, à mes yeux, c'est l'enthousiasme avec laquelle nombreux sont ceux qui - et dans la blogosphère en particulier - se sentent tous émoustillés par l'obamania ambiante. Alors qu'il n'y a vraiment pas de quoi pavoiser : Obama est pour la peine de mort, défend le commerce libre des armes, inspire le New-York Times et BHL ; il a Sarkozy pour modèle et fait rêver Wall Street ; pire, il a trouvé le moyen de faire fantasmer le PS !... D'autres racontent même, sans rire, qu'il est "un homme de gauche, notamment par ses ambitions redistributrices sur le plan social" alors qu'il ne sera, sans doute, qu'un président soucieux, à l'instar de ces prédécesseurs -- le démocrate Clinton, par exemple, qui a privatisé les services sociaux à tour de bras --, soucieux de défendre résolument les profits du capital dans son pays comme dans le reste du monde. Quitte à alimenter des guerres dans cette perspective. Quitte à rendre le monde toujours un peu plus pourri. Imaginer le contraire, c'est prendre un produit du storytelling pour la réalité...

Je vous livre ici quelques articles qui ont le mérite de remettre Obama à sa place : du côté de ceux dont les partisans d'un monde meilleur n'ont strictement rien à attendre :


jeudi 30 octobre 2008

:: Les portails francophones d'information "alternative"

Il existe quelques portails francophones (ou "agrégateurs de news") qui permettent d'accéder directement à tout ce qui se dit sur la toile en dehors des circuits mainstream de l'information. Le premier d'entre eux, et aussi le plus ancien, est Rezo.net (dit aussi "le portail des copains"). Lancé, je crois, par les animateurs de feu [uZine] et du Magazine de l'Homme moderne, mais surtout tenu aujourd'hui par des personnes de sensibilités différentes qui indexent leurs trouvailles quand elles le jugent nécessaire, ce portail est probablement le meilleur moyen de penser les réalités de notre monde sans se contenter des grands médias. Il puise ses sources dans les publications de la gauche alternative classique (écologiste ou réformiste radicale : Le Monde Diplomatique, Le Plan B, etc.) et dans celles, bien que moins nombreuses, de la gauche révolutionnaire (WSWS, CQFD, voire parfois Lutte Ouvrière), mais il fait également référence aux sites, toujours décalés et souvent contestataires, tenus par des chercheurs ou des journalistes indépendants. Un site incontournable, en somme, dont on regrettera simplement la maquette verdâtre qui commence à se faire un peu vieillotte.

Plus récent, et venu de Belgique : Mouvements.be. Dans un esprit semblable à celui de Rezo, une très bonne adresse (l'ergonomie du site est assez impressionnante) qui partage de nombreuses sources avec le Portail des copains.

A noter aussi l'Autre Reseau qui, en dépit de l'objectif affiché par son titre, ne parvient pas réellement à se distinguer de Rezo.net. Une différence à la rigueur : il s'était manifesté à son lancement en reprenant avec gourmandise les papiers de El Burlador et de Jacques-Marie Bourget contre SinéHebdo...

Je vous donne ici leur fil RSS (feed) à installer dans votre agrégateur :
- Rezo (la sélection) et Rezo (la totale)
- Mouvements.be
- L'autre Réseau

mercredi 22 octobre 2008

:: Shifd, un carnet de notes online ::

Les offres en ligne de carnets de notes (ou de Post-it Notes) sont nombreuses, mais je dois dire que Shidt, la solution proposée par le New York Times, est assez convaincante. Voilà six mois que je l'utilise et je n'ai pas ressentis la nécessité d'en changer.
De quoi s'agit-il ? D'abord, une application Adobe Air (pour Mac and Windows). Vos notes sont accessibles (donc consultables et modifiables) sans passer par votre navigateur : Shifd s'ouvrira dans une petite fenêtre sur votre bureau et c'est de là que vous pourrez conserver toutes les bonnes idées qui vous passent par la tête. La synchronisation est automatique et a lieu environ toutes les cinq minutes.
Bien sûr, vous pouvez également utiliser Shifd dans votre navigateur ou sur n'importe quel autre ordinateur : il vous suffit pour cela d'accéder à votre compte utilisateur. Qui plus est, il est possible de placer dans votre barre personnelle un bouton "shifd this", un bouton qui vous permetttra de mettre directement en notes vos sélections de pages internet, mais également de conserver les liens et les adresses (avec cartes). J'ajoute que Shifd, évidemment, est utilisable sur tous les appareils mobiles : d'ailleurs, officiellement, ce n'est pas un vulgaire "carnet de notes", mais un "service de synchronisation de contenus Mobile-to-PC"...
Enfin, en vrac :
  • vous pouvez partager vos notes ou vos liens sur Facebook, Digg, Reddit ou Delicious ;
  • un moteur de recherche est intégré qui vous permettra de vous retrouver dans vos notes ;
  • deux modes de visualisation sont proposés : "grid" (par catégories) et "list" (par ordre chronologique).
  • les moteurs de recherche Yahoo et Google peuvent être lancés de l'application
Seules réserves : Shifd est encore trop américain (il ne reconnait pas les numéro de téléphone portable européens). Et évitez de mettre des notes de trois pages : il n'en retiendra qu'une partie seulement...

lundi 20 octobre 2008

:: NTIC : des gadgets en pagaille, mais un progrès très relatif ::

Ils sont nombreux, décidément, ceux pour qui les progrès technologiques constitueraient nécessairement un progrès pour la société. C'est énervant.

En fait, le postulat sur lequel s’appuient tous ces ahuris tient dans un rejet frénétique de toute analyse d’ordre social, dans le rejet obsessionnel de toutes idées mettant en avant les rapports sociaux de production pour expliquer la marche des choses. Ce déni permet d’éviter de penser l’histoire en termes de contradictions de classes, ça rassure... Une révolution technologique, ça fait quand même moins désordre qu'une révolution tout court.

Une illusion obscurantiste, en fait. Car penser les forces productives (dont les nouvelles technologies d’information et de communication font partie) comme le moteur autonome de l'histoire, loin d’éclairer les spécificités de notre époque, c'est se mettre le doigt dans l'œil jusqu'au coude. A l’instar, par exemple, de tous ceux qui se pâment devant le « capitalisme cognitif », un supposé nouveau système de production dans lequel l’intégration, le développement et la médiatisation toujours plus poussée des connaissances (l’activité cognitive) constitueraient une composante à part entière de la production de valeur (de la plus-value sans la sueur, c’est pratique)...

En fait, les techniques ne sauraient entraîner à elles seules, de manière autonome, une nouvelle phase de progrès pour l’humanité. Quand rien ne s’oppose à ce que les nouvelles technologies ne servent qu’à gonfler le capital et divertir (et distraire) les consommateurs, le progrès ne peut être que tout à fait relatif. A plus forte raison quand cela fait déjà plus de trente ans que le capitalisme se révèle incapable de développer, à l’échelle mondiale, une industrie productrice de richesses et capable de satisfaire les besoins élémentaires de l’humanité (et accessoirement de reproduire son capital hors la bulle financière).

Oh bien sûr des investissements en biens d’équipement productifs, il y en a, mais, hors remplacement et modernisation du matériel ou rachat d’entreprises déjà existantes, ça ne représente pas grand chose. Parait même que l’impact sur la productivité des « nouvelles technologies » (ordinateurs, semi-conducteurs, puces électroniques, réseaux, téléphones mobiles, etc.) est, somme toute, accessoire...

Tout ça pour dire que le capitalisme qui se cache derrière nos beaux gadgets de l' "économie numérique" (internet, téléphonie mobile, réseaux sociaux, etc.) n’a pas fondamentalement changé de nature depuis un siècle. Il consiste toujours en l’application des bonnes vieilles recettes classiques d’intensification du travail et d’aggravation de l’exploitation (réduction et mise en jachère massive de la force de travail, pression du chômage de masse, intensification du travail, généralisation de la précarité et de la flexibilité, offensive contre les protections sociales, etc.). En fait de « société de l’information », c’est donc bien d’un capitalisme qui, dans un contexte de récession généralisée, s’emploie à durcir ses bonnes vieilles méthodes, qui domine. Un capitalisme qui, loin de muter – quelque soit l’ampleur remarquable des innovations dans le secteur des technologies de l’information et de la communication qu’on a connu ces dernières années –, n’a jamais cessé, partout, d’accentuer la violence sociale exercée sur le monde du travail.

Il ne s’agit donc pas, pour moi, de contester le fait que les nouvelles technologies de production du savoir, du traitement de l’information et de la communication des informations peuvent améliorer les pratiques à travers lesquels les hommes tentent de vivre ensemble. Mais pour que cela devienne réalité, il faudrait que les rapports sociaux s'inversent, que les hommes et les femmes qui travaillent et créent les richesses ne laissent pas les industriels leur imposer partout leur logique du profit à tout prix. C’est à cette condition que les nouvelles technologies pourraient réellement constituer un progrès : quand les moyens disponibles, aussi géniaux les uns que les autres, seront mobilisés pour débarrasser l'humanité de sa misère (tant physique qu'intellectuelle)...

D'accord, ce n'est pas demain la veille. Mais qu'espérer d'autre ?

mercredi 15 octobre 2008

:: bigspy ou de la veille avec un écran de veille ::

Bigspy est un site de visualisation, en temps réel, de l'ensemble du flux Digg : sur fond noir, les articles défilent au rythme des votes qu'ils reçoivent ; et plus l'article est "diggé", plus grande est sa police de caractère. C'est particulièrement bien foutu.
Ceci dit, il faut être un peu marteau pour aller se planter volontairement devant ce type de spectacle, aussi impressionnant soit-il : Digg charrie pas mal de superflu et il n'y est donc pas si fréquent d'y débusquer des informations pertinentes.
Il existe toutefois un moyen de l'utiliser sans se forcer et de laisser faire la chance : installer Bigspy en "screensaver" (écran de veille ou économiseur d'écran : le logiciel est téléchargeable en haut à droite de votre écran bigspy). Après la pause et avant de reprendre votre activité normale, un petit passage en revue de ce qui se dit sur la toile (en particulier aux Etats-Unis, c'est le problème), et hop ! "Echap" pour retourner aux choses sérieuses.

Vous verrez, il y a d'autres formes de visualisation possibles : arc, pics, swarm et stack...

mardi 14 octobre 2008

:: BHL, un "personnage relativement accessoire" # 1 ::

Mais un personnage qui témoigne assez bien (tant par ses ouvrages que par les enthousiasmes qu'ils suscitent) de la particulière vacuité intellectuelle de notre époque. C'est donc une bonne idée du Monde Diplomatique de sortir sur son site un dossier complet sur BHL : "Bernard-Henri Lévy, qui aime beaucoup l’Amérique, connaît sans doute l’expression « work in progress ». Elle signifie, grosso modo, chantier en construction. Chacun des ouvrages de cet auteur suscite un déluge d’articles louangeurs présentant ses propos ou analyses comme autant de fulgurantes transgressions de l’idéologie dominante. Plutôt que de s’obliger à commenter chaque année cet invraisemblable tintamarre qui a pour mérite involontaire de rappeler à intervalle régulier le caractère mafieux de la critique « littéraire » en France, Le Monde diplomatique a constitué un dossier. Davantage que sur un personnage relativement accessoire, il espère informer ainsi sur un épiphénomène significatif de la vie intellectuelle. Son acteur principal et ses très nombreux complices".

L'occasion pour moi de proposer quelques liens sur l'inénarrable :

A écouter aussi sur le site non officiel de Là-Bas si j'y suis, l'émission de Daniel Mermet :

lundi 2 juin 2008

:: Sur la conception matérialiste de l’histoire… [Engels, 1880]

062008

Extrait du chapitre 3 de SOCIALIME UTOPIQUE ET SOCIALISME SCIENTIFIQUE

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La conception matérialiste de l'histoire part de la thèse que la production, et après la production, l'échange de ses produits, constituent le fondement de tout régime social; que dans toute société qui apparaît dans l'histoire, la répartition des produits, et, avec elle, l'articulation sociale en classes ou en ordres se règle sur ce qui est produit et sur la façon dont cela est produit ainsi que sur la façon dont on échange les choses produites. En conséquence, ce n'est pas dans la tête des hommes, dans leur compréhension croissante de la vérité et de la justice éternelles, mais dans les modifications du mode de production et d'échange qu'il faut chercher les causes dernières de toutes les modifications sociales et de tous les bouleversements politiques; il faut les chercher non dans laphilosophie, mais dans l'économie de l'époque intéressée. Si l'on s'éveille à la compréhension que les institutions sociales existantes sont déraisonnables et injustes, que la raison est devenue sottise et le bienfait fléau, ce n'est là qu'un indice qu'il s'est opéré en secret dans les méthodes de production et les formes d'échange des transformations avec lesquelles ne cadre plus le régime social adapté à des conditions économiques antérieures. Cela signifie, en même temps, que les moyens d'éliminer les anomalies découvertes existent forcément, eux aussi, à l'état plus ou moins développé, dans les rapports de production modifiés. Il faut donc non pas, disons, inventer ces moyens dans sa tête, mais lesdécouvrir à l'aide de son cerveau dans les faits matériels de production qui sont là

jeudi 8 mai 2008

:: Lukacs, une régression du marxisme ?

C'est le point de vue de Pierre Fougeyrollas, un ex du PCI, en 1979 [inSciences sociales et marxisme, Payot]. A discuter. Extrait :

A la différence des œuvres de Marx, d'Engels, de Rosa Luxemburg, de Lénine et de Trotsky dont nous avons rappelé qu'elles avaient été conçues en relation étroite avec le mouvement ouvrier et l'activité politique de construction du parti révolution naire, les textes du « marxisme occidental » ont été produits soit par des universitaires dent la formation intellectuelle s'était, pour l'essentiel, faite hors du mouvement ouvrier, comme dans les cas de Korsch et de Lukacs, soit par un dirigeant révolutionnaireemprisonné et mis par le fascisme hors d'état de militer effectivement, comme « fut le cas pour la plupart des œuvres de Gramsci. Aussi ces textts présentent-ils des traits spéculatifs qui ne permettent pas de les intégrer à la continuité à la fois pratique et théorique du marxisrre. En revanche, les recherches effectuées sous le signe du freudo-marxisme (Reich, Marcuse, Fromm) et les recherches accomplies par l'Ecole de Francfort (Adorno, Horkhei-mer, Benjamin) présentent avec le « marxisme occidental » des affinités électives qui n'échappent à personne.

[…]

Lukacs, par exemple, écrit : « Ce n'est pas la prédominance des motifs économiques dans l'explication de l'histoire qui distingue de façon décisive le marxisme de la science bourgeoise, c'est le point de vue de la totalité. La catégorie de la totalité, la domination déterminante, et dans tous les domaines, du tout sur les parties, constitue l'essence de la méthode que Marx a empruntée à Hegel et qu'il a transformée de manière originale pour en faire le fondement d'une science entièrement nouvelle… Le règne de la catégorie de la totalité est le porteur du principe révolutionnaire dans lascience ».

Que le marxisme ne se réduise pas à un « déterminisme économique » — formule naguère utilisée par Kautsky dans sa polémique contre Bernstein —, nous en sommes bien d'accord. Ne nous sommes-nous pas nous-même employé à montrer que, selon le matérialisme historique, les processus économiques de la production et de l'échange se déroulaient dans le cadre de rapports sociaux fondamentaux, essentiellement — depuis la production d'un surproduit — dans le cadre de rapports de classes qui les font ce qu'ils sont à partir d'un niveau déterminé des forces productives? Mais prétendre, à partir de là, comme le fait Lukacs, que ce qui caractérise par-dessus tout le marxisme, c'est le « point de vue de la totalité » et la mise en œuvre méthodologique de la « catégorie de la totalité », voilà qui est une tout autre affaire.

Sans doute le matérialisme historique refuse-t-il la conception et la méthode des « sciences sociales » qui séparent et, finalement, isolent les uns des autres les phénomènes économiques, les phénomènes politiques, les phénomènes culturels ou d'autres variétés de phénomènes sociaux. Et, en tant que le matérialisme historique, au contraire, analyse les divers processus sociaux en les intégrant à l'ensemble constitué par la « base réelle » et la « superstructure » de la vie sociale dans leur inséparabilité, son point de vue peut être caractérisé comme celui de la totalité. Mais cela ne suffit pas à définir le marxisme dans son originalité théorique et méthodologique et à le distinguer, par exemple, d'une conception totalisante de l'histoire comme celle de Hegel.

Non seulement, la catégorie de totalité ne permet pas de distinguer entre le matérialisme et l'idéalisme, mais en outre ce n'est pas elle qui est la catégorie fondamentale de la dialectique matérialiste; c'est, en fait, la catégorie de la pratique dont dérive le critère scientifique de l'unité de la théorie et de la pratique. Enfin, la totalité est vide sans son contenu qui se définit dialectiquement à partir de la catégorie de contradiction. Car lesformations sociales analysées effectivement par le matérialisme historique comme des totalités ne se spécifient que dans et par les contradictions fondamentales qui les font ce qu'elles sont, essentiellement — à partir de la division de la société en classes — par les contradictions de classe et la lutte de classe qui en résulte.

En fait, Lukacs opère, au nom d'une prétendue compréhension correcte du marxisme, une véritable régression de Marx à Hegel, et, plus généralement, de la théorie scientifique du prolétariat à une vision spéculative néo-hégélienne et passablement proche de l'idéologie de théoriciens des « sciences sociales », comme Dilthey et Weber, dont il n'a pas cessé de subir l'influence. L'analyse par Marx du fétichisme économique, dont le fondement se situe dans l'exploitation capitaliste du travail salarié, est remplacée dans Histoire et conscience de classe par une spéculation sur la réification qui prolonge, en fait, la conception idéaliste de Hegel selon laquelle l'aliénation serait consubstantielle à l'être même de l'homme.

Détachée des conditions matérielles de sa formation et séparée de l'effort historique du prolétariat pour se constituer en classe révolutionnaire en construisant des organisations indépendantes, la « conscience de classe », selon Lukacs, se confond avec le « point de vue » du prolétariat, comme point de vue de la totalité — celui de la bourgeoisie ne pouvant qu'être particulier, en raison de la particularité de ses intérêts de classe. Ainsi un jeu optique nous est proposé à la place des rapports de force étudiés par le matérialisme historique.